Ceci est l’histoire de Dame Fadimatou.

je fais la rencontre de cette dame un lundi de ce mois d’octobre. Elle vient suite à une campagne de sensibilisation communautaire sur le cancer du sein.

Je découvre une dame, la soixantaine, frêle, les traits marqués, des rides qui laissent imaginer une beauté jadis exceptionnelle. Ce type de beauté donc seul les peulhs chez nous savent en avoir le secret.

Elle vient pour une grosse boule dans son sein droit. Celle qui nous aide à communiquer l’instant de nos échanges (traductrice peulh-français improvisée) n’arrive pas à lui arracher le délai exact du début des symptômes. La discussion est difficile, nous nous heurtons à la timidité ou peut être juste de la réserve.

Je remarque que celles qui l’accompagne ne lui sont pas si proche que ça, ce sont juste des voisines. En poursuivant sur le volet famille je me rend compte qu’elle n’a jamais enfanter.

Ceci explique beaucoup voir tout dans son attitude. elle porte le poids, la peine, le remord, le sentiment d’incapacité que vivent celles qui n’ont pas pu enfanter. Dans une société ou la valeur d’une femme est corréler aux nombres d’enfants qu’elle a eu. La solitude est depuis longtemps le compagnon de dame Fadimatou. Le long délai entre le début des symptômes et la consultation s’explique.

Sur le plan scientifique il a été établit depuis longtemps un lien étroit entre l’absence de grossesse et le risque élevé de développer un cancer du sein.

Le regard hagard, transpirante face a moi, je lui explique que cela ressemble fort à un cancer du sein. je lui explique pas a pas le parcours des examens à faire pour confirmer et les pistes éventuelles pour soigner la maladie. elle sort rapidement de son état léthargique et se pose la question en foufoulbé avec une voix à peine audible « qui va payer? ».

Elle fond en larme en murmurant qu’elle n’a pas d’enfant pour s’occuper d’elle. S’égrène alors une litanie de questions sans réponses.

Pourquoi cela m’arrive à moi?

Qu’est ce que j’ai fait pour mériter cela?

Devrait-on lui dire que c’est probablement parce qu’elle n’a jamais eu une grossesse qu’elle développe cette maladie aujourd’hui?

Pourquoi cette autre peine?

pourquoi cette double peine?

Brisons le mur du silence, regardons autour de nous, aidons nos mères, nos sœurs, nos tantes…. à consulter rapidement.

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