Bonsoir LeDocta, je viens de l’hôpital et le médecin m’a prescrit une longue liste de médicaments. Ma voisine me conseille d’aller les acheter au « Gazon » (médicaments de la rue). Elle me dit qu’ils sont moins chers et pourtant il s’agit des mêmes médicaments que dans les pharmacies. Est-ce vrai ?

Marinette depuis Yaoundé

Bonsoir ma chère Marinette,

Tout d’abord, permet moi de te rappeler que le médicament est le dernier maillon du processus de traitement (consultation, examens complémentaires, diagnostic et médication). Même si tu te fais consulter par le meilleur médecin du monde et à la fin, tu n’as pas le bon médicament, tu ne guériras pas !!!

Quel est le circuit du bon médicament ?

Au Cameroun, près de 98% des médicaments commercialisés sont importés. Nul ne peut que ce soit à titre onéreux ou gratuit dispenser un médicament s’il n’a pas d’Autorisation de Mise sur le Marché camerounais (AMM). Il s’agit de la carte d’identité du médicament qui prouve que le médicament a traversé toutes les étapes d’évaluation afin de confirmer de sa qualité. Le processus est assez long, car doit suivre une évaluation administrative (prouver qu’il est utilisé dans le pays de fabrication), une évaluation technique (prouver que le processus de fabrication et les normes du Cameroun sont respectés), et le plus important, doit suivre le contrôle de qualité chimique par le Laboratoire National de Contrôle des Médicaments (LANACOME).

C’est à la suite de cela que les grossistes pharmaceutiques peuvent importer les médicaments et procéder à la distribution dans les officines de pharmacie et les pharmacies des hôpitaux.

Les médicaments de la rue sont-ils pareils à ceux des pharmacies ?

Il faut savoir que la majorité des médicaments de la rue sont des faux médicaments (soit de contrefaçons, soit de contrebandes). Les Laboratoires pharmaceutiques qui ont reçus des AMM pour leurs médicaments ne peuvent pas s’aventurer à mettre leurs produits dans la rue car si cela est prouvé, l’AMM est retiré au Cameroun à vie.

Les médicaments de la rue sont impropres à la consommation car ne subissent pas l’évaluation de la qualité pour vérifier sa composition qualitative et quantitative. En plus, Les médicaments sont exposés au soleil tous les jours pourtant parmi eux certains sont thermolabiles (ex : Certains médicaments doivent être conservés à basse température allant jusqu’à 3 à 5°C et pourtant sont exposés tous les jours au soleil à plus de 35°C).

Certaines personnes ont parfois l’impression que les médicaments de la rue sont plus efficaces que ceux vendus en pharmacies. En prenant le cas d’un produit dosé à 1mg, le dosage n’est pas respecté dans les faux médicaments et peuvent être dosé jusqu’à 5mg, voire 10mg, ce qui aura l’avantage de rapidement traiter le malade, mais détruira également son appareil urinaire (en particulier les reins qui sont chargés de filtrer les déchets de notre organisme).

Un point très important et à retenir, LES MÉDICAMENTS DE LA RUE NE SE PÉRIMENT JAMAIS !!!

En cas d’expiration, les dates sont modifiées sur les conditionnements primaires (flacons ou blisters) et sur les conditionnements secondaires (boites). Le patient se retrouve à se soigner avec des médicaments périmés qui le feront plus de mal que de bien à la fin.

 Les médicaments de la rue sont-ils moins chers par rapport à ceux des pharmacies ?

Beaucoup de personnes ont l’impression que les médicaments vendus au « gazon » sont moins chers par rapport à ceux des pharmacies. Détrompez-vous, c’est faux !!!

Ma chère Marinette, j’aimerai te rappeler que les médicaments commercialisés sont sous 2 formes : les spécialités et les génériques qui ont tous le même principe actif. Dans les officines de pharmacie, ce sont les spécialités qui sont vendus tandis que dans les pharmacies des hôpitaux, ce sont les génériques.

Pour rendre accessible le médicament de qualité et à moindre coût, le Ministère de la Santé Publique a fixé le prix des médicaments utilisés au Cameroun et applicables dans nos hôpitaux. A titre d’exemple, dans nos hôpitaux, le comprimé de paracétamol coûte 5 FCFA (donc la plaquette de 10cp revient à 50 FCFA) tandis que dans la rue, tu pourras l’avoir à 100FCFA. L’illusion vient parfois du fait que les médicaments de la rue sont détaillés à l’unité, en d’autres termes, tu peux acheter 3 comprimés de paracétamol à 30 FCFA. Malgré les efforts continus du gouvernement à rendre le médicament de qualité à moindre coût, les mauvaises habitudes de la population ne change pas. La solution viendra d’une lutte harmonisée, de plus en plus répressive et des sanctions pénales pour les responsables de ce trafic.